Ces lésions sont accompagnées d'un écoulement de gomme brunâtre qui représente le symptôme externe de l'infection que déterminent les parasites sur le tronc ou les charpentières. Cette substance visqueuse est produite par l'arbre en réaction à l'infection.
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Phytophthora et gommose : une association destructrice |
Description de la maladie
Les premiers symptômes sont asses difficiles à déceler. On observe l'apparition d'une ou de plusieurs taches irrégulières de quelques cm2 de surface, de couleur brun foncé, humides, sur l'écorce. Ensuite, celles-ci se fendillent et laissent exsuder de la gomme plus ou moins abondante, selon la variété et l'état végétatif de la plante atteinte.La gommose est soluble dans l'eau donc peu visible en saison pluvieuse. Des suintements de gommose se remarquent parfois sur de très petites plages d'écorce foncée apparaissant en dehors et autour de la lésion principale, Ils traduisent l'extension de la maladie.
Symptômes nettement visibles
Lésions caractéristiques
Un bourrelet cicatriciel se forme à la périphérie de la lésion provoquant la séparation de la plage d'écorce morte. Celle-ci est nécrosée sur toute son épaisseur ce qui permet de différencier la gommose de la psorose écailleuse dans laquelle, en profondeur, l'écorce reste vivante, le bois blanc et, où il n'y a pas de bourrelet cicatriciel.L'écorce est entièrement nécrosée jusqu'au bois y compris la CAMBIUM. Après dégagement de l'écorce, le bois sous-jacent présente une coloration chamois. Cette zone atteinte est toujours plus importante que ne le laisseraient supposer les nécroses de l'écorce.
Conséquences sur la circulation de la sève
Le bois n'est que très superficiellement contaminé. La coloration brune est due à une imprégnation de gomme qui obstrue les vaisseaux conducteurs. La sève ne passe plus ni dans un sens ni dans l'autre.Les nervures des feuilles correspondantes commencent par jaunir. L'arbre fleurit abondamment parfois à contre-saison, et, se couvre de fruits précoces mais insipides à peau fine et mous.
Le flétrissement peut devenir total si la lésion de gomme affecte tout le pourtour du tronc.
D'autres cryptogames tels que Diplodia natalensis ou Armillaria mellea provoquent des symptômes voisins.
Symptômes sur les racines
La maladie peut descendre jusqu'au départ des grosses racines. A la différence de l'attaque sur tronc, la zone atteinte reste ferme. La gomme est peu visible car elle est absorbée par l'eau du sol. L'attaque du Phytophthora y est complétée par celles d'autres organismes qui pénètrent dans le bois plus profondément que lui.
Symptômes sur les feuilles
Des attaques sur feuilles sont signalées dans la littérature. Elles se manifesteraient par l'apparition de taches translucides sur le limbe des feuilles ; ces taches deviendraient ensuite aqueuses et noirâtres. Les feuilles tombent précocement alors qu'elles sont encore vertes mais tachées de noir.Confusion possible avec d'autres maladies
Il est possible que ces symptômes soient confondus avec ceux de la tache graisseuse. Par contre au MAROC, on observe quelquefois des exsudations de gomme sur des brindilles même si le tronc n'est pas attaqué. Il n'a pas encore été fait état de recherches pour savoir si ce phénomène est dû au Phytophthora ou à une cause physiologique.Conditions favorisant le développement de la maladie
Le Phytophthora peut pénétrer en pépinière dans les tiges de jeunes plantules non blessées ; il ne pénètre que par les blessures et, d'autant plus facilement que celles-ci sont plus fraîches. Le développement des nécroses est favorisé par la présence de terre ou de débris organiques sur la blessure maintenue humide et à température convenable. Il se manifeste entre 20° et 30° avec optimum à 25-28°.La résistance des arbres
La résistance des arbres varie suivant les espèces et les variétés. Parmi celles qui au MAROC sont connues du public, on peut donner le classement suivant établi par ordre de résistance décroissante :- Poncirus trifoliata, Bigaradier.
- Citrange carrizo.
- Mandarines (surtout la Cléopâtre)
- Citrange troyer
- Oranger doux
- Rough lemon, citron, clémentine, cédratier
La résistance du mandarinier Cléopâtre est discutée. D'après des données espagnoles, le mandarinier Cléopâtre est résistant au P. citrophthora mais sensible au P. parasitica.
Les causes de la gommose
Le Champignons du genre Phytophthora se développent dans des conditions d'humidité excessivement prolongée. Les particules terreuses sont souvent porteuses de ce champignons. L'infestation se fait au contact de la partie du tronc située au-dessus de la ligne de greffage ou du collet des arbres francs de pied.La gommose est favorisée donc par :
- des inondations.
- une mauvaise évacuation des eaux d'hiver
- des apports massifs d'alluvions par les inondations
- un buttage des troncs (pratique fréquente sur les jeunes plantations)
- des irrigations massives qui causent des stagnations d'eau au pied des arbres
- des eaux circulant dans les séguias en terre en surélévation par rapport au sol
- des irrigations par aspersion mouillant le tronc.
La lutte préventive
Réduire les risques d'infestation
La première chose est d'observer les règles culturales qui réduisent les risques d'infestation.- Ne pas planter dans les bas-fonds que l'on sait humides.
- Evacuer les eaux de surfaces par des rigoles ou en perçant des trous dans les flaques pour diriger l'eau vers des couches perméables, s'il en existe.
- Evacuer les eaux de profondeur, par drainage.
- Evacuer les alluvions déposées par les inondations.
- Régler les irrigations pour éviter les jeunes arbres.
- Cimenter les séguias en surélévation ou placer du plastique au fond.
- Ne pas blesser les arbres.
- Protéger les troncs des jeunes arbres contre les coups de soleil.
- Si on plante au trou, reboucher le trou avant plantation et laisser la terre se tasser avant de mettre en place. Sinon, le plant s'enfoncera dans le sol.
- Ne pas planter d'arbres dont le point de greffe est à moins de 25 cm du sol.
- Un point de greffe à 40-60 cm est encore plus sûr mais d'une part en pépinière la reprise est moins bonne et d'autre part le rendement des arbres risque d'être défavorablement affecté.
- Confectionner des collerettes autour de façon à ce que l'eau d'irrigation ne vienne jamais en contact avec le tronc.
La lutte préventive chimique
1. Par badigeonnage
Ce procédé énergique mais coûteux en main d'œuvre et produits, est à réserver aux parcelles déjà atteintes. Fréquence tous les ans. Epoque automne de préférence mais on peut le faire n'importe quand.
La pulvérisation sur tronc seul s'utilise quand il n'y a pas encore d'infestation mais que les conditions sont favorables (variétés sensibles telles que citron ou clémentinier, climat humide, irrigation par aspersion). Suivant l'intensité du danger et celle des pluies, on peut traiter de deux fois par an à une fois tous les deux ou trois ans.
La meilleure époque est avant les pluies d'automne. Si on traite deux fois, la seconde se place en hiver. On peut utiliser :
- Le chaulage consiste à préparer un lait de chaux par mélange de 20 Kg de chaux et de 5 à 10 Kg de sulfate de cuivre dans 50 litres d'eau. Le mélange donne environ 1001 de bouillie épaisse.
- On peut utiliser une bouillie bordelaise du commerce vendue sous forme de poudre mouillable en la diluant jusqu'à consistance d'une peinture.
- On peut appliquer du cuivre huileux étendu avec 10 fois son poids d'eau. Ce procédé empêche la montée des escargots par le tronc.
La pulvérisation sur tronc seul s'utilise quand il n'y a pas encore d'infestation mais que les conditions sont favorables (variétés sensibles telles que citron ou clémentinier, climat humide, irrigation par aspersion). Suivant l'intensité du danger et celle des pluies, on peut traiter de deux fois par an à une fois tous les deux ou trois ans.
La meilleure époque est avant les pluies d'automne. Si on traite deux fois, la seconde se place en hiver. On peut utiliser :
- une bouillie bordelaise titrant 1,5 Kg de sulfate de cuivre et 2 Kg de chaux par hectolitre.
- les fongicides cupriques courants du commerce (oxychlorure, mélanges oxychlorure-zinèbe, mélange sulfate de cuivre-manèbe ou mancosèbe, etc. à une dose quadruple de celle conseillée contre cryptogames de la vigne).
- les cuivres huileux à 1,5 %.
- le Captafol à 400 g de matière active/hectolitre (0,5 Kg de produit commercial).
3. Par pulvérisation sur le tronc et sur le feuillage
Cette lutte est commune avec celle contre la pourriture brune. Elle sera traitée a l’article, traitant cette forme d'infestation.
Il faut enlever également le bois malade non pas tellement parce qu'il est porteur de champignons mais tout simplement parce qu'il ne sert plus à rien et peut être envahi par d'autres cryptogames.
La lutte curative
Le curetage soigné de la plaie
C’est une opération fondamentale. Avec un instrument bien tranchant, gouge ou ciseau à bois, on on enlève les plaques d'écorce malade. Il faut enlever non seulement l'écorce visiblement atteinte mais aussi la bordure apparemment saine sur 5 cm. Nous avons d'ailleurs vu précédemment que l'étendue du bois malade était supérieure à celle de l'écorce.Il faut enlever également le bois malade non pas tellement parce qu'il est porteur de champignons mais tout simplement parce qu'il ne sert plus à rien et peut être envahi par d'autres cryptogames.
Dans les conditions d'infestation moins graves
Si on n'est pas dans des conditions d'infestations graves, ou bien si on n'envisage pas de passer tout de suite un enduit fongicide, on se contentera de désinfecter la plaie au permanganate à 1%. Le permanganate n'est que curatif.Dans les conditions d'infestation graves
Dans les cas graves et pour plus de sécurité, on passera des enduits à la fois préventifs et curatifs, qui seront au choix :- Kankertox (oxydes de mercure, zinc et fer et oxydule de cuivre)
- Quínochanere (oxyquinoleate de cuivre)
- Santar (oxyde de mercure)
- Cuivre huileux à 50%
- Ortho Difolatan 80% (1 Kg dans 5 litres d'eau)
- Persintol
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Phytophthora et gommose : une association destructrice |
Greffes en pont ou par approche
Même si on stoppe la maladie par le curetage, la cicatrisation est lente et si la plaie est large, elle ne se referme pratiquement jamais. Une partie de l'arbre est donc sous-alimentée et, l'arbre perd du potentiel de rendement.Donc si la plaie est importante, il vaut mieux la court-circuiter par un des procédés suivants :
1. Les greffes par approche
Des rejets apparaissent fréquemment sous la plaie. On utilise couramment ces rejets de Bigaradier pour les greffes par approche sur la ou les charpentières correspondantes aux blessures. On appelle cela couramment une greffe pont. Le mot est inexact car la véritable greffe pont consisterait en le greffage de baguette à la fois en haut et en bas.Quoique d'application courante, ce procédé n'est pas le meilleur car en bas de la tige pont subsiste un coude qui freine la sève. L'expérience a montré que ces tiges ne grossissaient jamais beaucoup.
2. Les méthodes par entaille
- La racine est carrément coupée après avoir été dégagée, en général, elle produit un rejet vigoureux qui sera greffé par approche.
- Placer les plants de jeunes portes greffes à l'aplomb des charpentières est aussi une solution.
Réussite de l'opération lente et difficile
Toutes les méthodes en greffe par approche sont d'application lente. Il faut compter deux ans entre la première opération et le greffage. Il peut arriver que la branche à sauver menace de péricliter entre temps. Dans ce cas, on peut lui prolonger la vie par des applications de Persintol qui provoque un fort écoulement de gomme et soulage les tissus momentanément.Il faut reconnaître que la lutte curative est coûteuse en produits ou main d'œuvre. Elle est surtout intéressante pour sauver quelques arbres isolés afin de maintenir l'homogénéité d'un carré. Mais si une grande partie des arbres est très malade, il vaut mieux arracher la plantation.