La taille est une série d’opérations sur toutes les espèces fruitières arbustives. Délaissée par les uns, elle est au contraire pour d’autres, une pratique essentielle.
La divergence des opinions vient de la séparation dans le temps entre la cette opération elle-même et l’observation des résultats. La mise en place d’un système de taille s’étale parfois sur plusieurs années.
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Taille des agrumes : guide pratique et conseils |
A quoi mène l'absence de la taille
Cette opération coûte de l’argent et du temps oui, mais à quoi on s’expose
si on ne la réalise pas ?
L’arbre abandonné à lui devient touffu, ce qui entraîne les conséquences
suivantes :
- Maladies bactériennes et cryptogamiques
- Foyers permanents des parasites
- La récolte s’éloigne du sol
- Beaucoup de bois mort
- Production de petit calibre
- Manquent de sucres et d’arôme
Les bases physiologiques de la taille
La taille, bien plus qu'un simple geste, Tailler c’est guider plutôt
la formation de l’arbre et améliorer la production. Donc, il faut être capable
d’imaginer la conséquence des opérations ou leur absence et en mesure d'estimer
le comportement futur de l’arbre.
Les mécanismes de la taille : une double-action
Il y a tout d’abord deux mécanismes apparemment contradictoires :
1// La taille et l'affaiblissement de l'arbre
La taille, bien plus qu'un simple geste, Tailler c’est guider plutôt
la formation de l’arbre et améliorer la production. Donc, il faut être capable
d’imaginer la conséquence des opérations ou leur absence et en mesure d'estimer
le comportement futur de l’arbre.
2// La taille et le renforcement de l'arbre
Si on fait un rabattement : on renforce la partie inférieure de cette
branche ce qui peut laisser croire que la taille renforce l’arbre. Mais, si on
taille par rabattement toutes les branches d’un arbre : le volume de frondaison
reconstruit sera plus petit que celui qui existait avant. Du moins pendant un
certain temps.
Par opposition à la taille par rabattement, la taille par
éclaircie renforce les autres branches conservées.
Impact sur la qualité des fruits
Toutes tailles trop fortes, surtout celles faites par rabattement,
conduisent à une sortie de pousses végétatives peu fleuries et touffues. On dit
que l’arbre part à bois.
Non seulement, il perd du volume et de la précocité mais le pourcentage de
marbrures augmente. Après une taille forte, l’exposition brutale au soleil de
parties qui, jusque là ombrées, peut provoquer des brûlures en quelques heures.
Influence sur la croissance végétative
Le clémentinier à tendance à produire beaucoup de gourmands qui
concurrencent en nourriture et en lumière le reste de l’arbre notamment, la
récolte pendante et les boutons floraux devant sortir l’année suivante.
Ces gourmands portent parfois des fruits qui font allusion par leur calibre
mais qui sont en réalité peu nombreux.
Relation entre taille et floraison
Pour que les boutons floraux se forment, il faut qu’ils soient suffisamment
éclairés et aérés, mais sans excès. La clémentine demande plus de lumière que
les autres variétés. Le ralentissement d’un courant de sève vigoureux favorise la mise à fruit.
Cette observation explique que les branches une fois que leur sommet s’incline
vers le bas, se charge facilement sauf chez le citronnier.
Le rôle du renouvellement des brindilles
Les fleurs se forment sur des brindilles neuves, nées sur des branches qui,
en général, n’ont pas porté de fruits l’année précédente. Pour avoir des fruits
régulièrement, il faut donc provoquer une sortie régulière des nouvelles
brindilles.
Dans le cas où l’arbre est fatigué pour une raison quelconque, la sortie
naturelle des brindilles est insuffisante. La taille doit
intervenir pour supprimer une partie des branches au profit des autres.
La taille et l'alternance
Nous venons de voir que l’arbre a besoin d’un renouvellement annuel de
brindilles pour régulariser sa floraison.
Si on ne taille pas chaque année, on risque de renforcer la tendance naturelle
de l’arbre à l’alternance.
Les branches improductives auront grossi. Non seulement, elles auront vécu aux
dépens des autres mais les enlever sera plus difficile. Au lieu de sécateurs,
il faudra utiliser la scie ou la hache. Donc, perte du temps et de l’argent.
L'époque de taille : un choix stratégique
L’époque optima à laquelle il faut tailler prête à controverses. En
réalité, on manque de données scientifiques à ce sujet. La seule chose
certaines est que les régions où l’on craint le gel, on a intérêt à tailler
tard car l’arbre non taillé forme un meilleur abri pour ses fleurs.
IL n’y a pas d’inconvénient à tailler tard. Mais là où on ne craint pas le gel,
la taille précoce permet d’étaler les chantiers. Elle se fait généralement
après la récolte.
Les variétés précoces et les tardives sont taillées après enlèvement de la
récolte. Elle peut avoir lieu même à la fin de l’été pour les tardives.
Les différentes formes de l'arbre taillé
La forme de l’entonnoir
Elle consiste à dégager le centre de l’arbre par suppression de tous les
gourmands verticaux. Elle est appliquée surtout sur le clémentinier. L’avantage
essentiel est la bonne pénétration de la lumière.
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L’inconvénient est que les branches, sans être verticales, ont quand même
tendance à monter. Il s’ensuit une fructification irrégulière.
La forme de la boule
Son avantage est d’assurer à une grande partie de la frondaison une
protection contre les ardeurs du soleil. Ses inconvénients principaux sont :
- La direction trop verticale de ses branches d’où fructification irrégulière comme dans l’entonnoir.
- La suppression de la partie inférieure de l’arbre qui est la plus productive.
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On distingue d’ailleurs deux types de boule :
- La boule creuse qui supprime la production de l’intérieur de l’arbre
- La boule pleine qui la conserve
Dans cette dernière forme, la production intérieure est bien protégée des
coûts de soleil.
La forme du palmier
Cette forme encore assez peu répondue est obtenue en supprimant les
charpentières classiques et en conservant uniquement les gourmands arqués.
Chaque gourmand prend place au-dessus d’un autre et on arrive à une
disposition des branches analogues au branchage d’un palmier.
L’avantage de cette taille est de favoriser une mise à fruit naturelle et
régulière et d’assurer un renouvellement constant du bois porteur.
Son inconvénient est simplement qu’il est difficile à réaliser et personne
n’a pu s’aventurier et elle ne s’applique qu’au clémentinier.
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Elle se rapproche d’ailleurs des formes trapèzes et tronc de cône. C’est en
quelque sorte un tronc de cône constitué de branches arquées.
La forme du trapèze et ses dérivés
Dans cette forme, le sommet de l’arbre est plat, le diamètre s’accroît
régulièrement du haut en bas.
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Dans le cas des haies fruitières, on parle de la forme trapèze. Quand les
arbres sont séparés et taillés à la main, on obtient un tronc de cône.
Dans le cas où les arbres isolés seraient taillés mécaniquement, on aurait
un tronc de pyramide.
La deuxième consiste à disposer les branches principalement à l’aide de
l’arcure de façon à aboutir à cette forme sans avoir à tailler les extrémités.
Le choix de la forme
A la lumière des observations citées avant et aux expériences des
intervenants dans ce secteur, il est apparu que :
- L’entonnoir et la boule se ressemblaient énormément car l’entonnoir en se regarnissant rapidement devenait une boule.
- Qu’on pouvait recommander l’entonnoir dans les régions où l’on recherche le soleil alors qu’il faut recommander la boule là où le soleil est excessif.
- Que la taille palmier était indépendante de l’ensoleillement et pouvait être recommandée partout.
Donc, on n’a le choix qu’entre deux solutions :
- Régions peu ensoleillées : entonnoir ou palmier
- Région ensoleillées : boule ou palmier
La taille de rajeunissement : un traitement de choc pour les agrumes vieillissants
Dans certaines plantations, surtout les plus anciennes, on observe un
vieillissement de la frondaison qui se manifeste par :
- une réduction de la vigueur des pousses
- la mort de l’extrémité des rameaux et de brindilles,
- la présence de feuilles petites.
Causes possibles du vieillissement : facteurs biologiques, environnementaux et pathogènes
Parfois, on peut mettre en cause un champignon comme l’anthracnose ou une
bactériose mais la plupart du temps, la cause est ailleurs : L’âge, manque ou
excès d’irrigation, accumulation de sels, ravageurs, excès d’incision,
chlorose.Le citronnier peut en outre être affecté par la nécrose des
vaisseaux.
Importance de limiter les tailles précoces
Nous avons vu que l’enlèvement de bois sain était une cause
d’affaiblissement. La taille des jeunes arbres doit donc être réduite au
minimum.
En principe, on ne taille plus le jeune arbre avant la 3° année. Etablir
les charpentières le plus tôt possible risque de ne pas choisir les meilleures.
La sélection naturelle et l'équilibre de la frondaison
Il vaut mieux laisser jouer une certaine sélection naturelle. Toutefois, il
faut éviter que deux branches ne partent d’un même point car tôt ou tard, il y
aura cassure.
D’autre part, il ne faut pas s’occuper de petits déséquilibres de la frondaison
car l’arbre les corrige naturellement.
La Valencia late et le pomelo sont plus faciles à conduire. Une taille
modérée et régulière assure une régularité de floraison et dans une certaine
mesure, de calibre. On doit arriver à maîtriser l’alternance.
Le citronnier demande également peu de taille mais son comportement est
différent. Il a tendance à émettre des gourmands longs, épineux, sensibles
au vent, dans toutes les directions.
Il faut les éclaircir et rabattre ceux qu’on veut garder pour les
renforcer. On mène les arbres sur cinq charpentières avec sous charpentières.
On diminue au besoin la charge de l’extrémité des branches pour les
empêcher de s’incliner au-dessous de l’horizontale. C’est donc le contraire de l’arcure
décrite pour la clémentine.
Une taille sévère, dite de rajeunissement, s’impose dans les cas de
vieillissement des arbres. On peut procéder à l’élagage d’une bonne partie de
la frondaison. Aux U. S. A. ils utilisent la méthode de “squelettisation“. A la
limite, on peut recéper sur le tronc.
Les différentes méthodes permettent effectivement de retrouver une
frondaison saine mais qui mettra un certain temps à redevenir importante sans
pour cela retrouver l’ancien volume.
Elles ont l’avantage de permettre de conserver des arbres en attendant que
l’on traite la véritable cause du mal. Si la cause est le grand âge ou un virus
ou un mycoplasme, l’intérêt de la taille de rajeunissement est douteux.
La taille des arbres surgreffés
Tout de suite après la pose de la greffe et jusqu’à la troisième année, le
problème est de favoriser le développement du greffon.
On laisse une partie de l’ancien bois pour servir de tire sève et de parasol.
Le problème principal posé par des arbres surgreffés vient de ce que les
nouvelles charpentières sont forcément longues car elles partent facilement de
1m50 du sol.
- Les charpentières ne seront productives que lorsqu’elles se seront inclinées.
- La jupe sera éloignée du troc.
- Les arbres surgreffés ont besoin de plus d’espace que les autres.
- La base des charpentières, étant dénudée, se trouve plus exposée aux brûlures quand on taille le haut.
La mécanisation de la taille : une solution pour réduire les coûts
La quantité de travail exigée par la taille, laisse réfléchir à la
mécaniser. Au Maroc cette taille ne s’est pas répondue encore. Donc, n’est pas
bien connue.
Le développement de la taille mécanique aux États-Unis
Aux U. S. A. la taille de rabattement est réalisée par le passage de scies
circulaires dont le plan est incliné par rapport à la verticale.
Le sommet des arbres est également taillé par scie circulaire ou bien par
une barre de coupe quand il n’y a que des brindilles à couper.
La taille mécanique par rabattement
L’avantage de la taille mécanique est son prix très inférieur à la taille
manuelle. Les inconvénients sont ceux d’une taille de rabattement que nous
avons décrits au ci-haut.
En enlevant du bois sain, on affaiblit l’arbre et on diminue la production. Une
face taillée ne produit pratiquement pas l’année qui suit son exécution. Par
contre, les brindilles qui viennent sur les chicots sont très productives
l’année d’après.
Les conséquences de la taille mécanique répétée
En répétant la taille mécanique, on arrive à la construction d’un mur de
brindilles qui obscurcit le centre de l’arbre ou plus rien ne pousse. Quand on
passe avec la scie pour enlever ce mur de brindilles, la production tombe à
zéro sur la face taillée. Les fruits sont plus exposés au gel.
Les opérations réalisées par la taille mécanique
Cette taille réalise l’opération 5 de la taille du clémentinier (limitation
de hauteur) et une partie de l'opération 7 (éclaircissage des brindilles).
La taille mécanique n’est pas effectuée tous les ans. La plupart des
agriculteurs alternent avec la taille par éclaircie (opération 4, 6, 7 de
notre taille du clémentinier).
Aux U. S. A. ils disposent pour cette taille de tout un arsenal à commande
pneumatique, électrique ou hydraulique.
Transmission des maladies par la taille
Actuellement, on admet que trois maladies à virus (exocortis, panachure et
frisolée) et peut être le stubborn, se transmettent par la taille.
Théoriquement, on peut débarrasser un outil du micro-organisme présent par
trempage dans l’eau de javel pure ou dans une solution à 20% d’eau de javel
(U.S. A.).
Repérage des foyers de ravageurs
Il est vivement recommandé de matérialiser la découverte d’un foyer de
cochenilles par la disposition d’un ruban de plastique.
Si la plupart des arbres sont touchés ce n’est pas la peine car la parcelle
est justiciable d’un traitement généralisé. Mais s’il y a peu d’arbres envahis,
le repérage est extrêmement intéressant.
Que faire du bois de taille ?
Le bois de taille représente une teneur en humus et élément fertilisants
importants.
D’après les analyses effectués sur plusieurs échantillons du bois de taille,
une taille moyenne exportait 17 à 33 U d’azote, 1.7 à 4 U de phosphore, 7 à 25
U de potasse et une valeur humus de 17 tonnes de fumier par Ha.
Un bon gyrobroyeur est indispensable. Une solution intermédiaire consiste à
laisser le bois de taille sur place jusqu’à ce que les feuilles tombent.
Conclusion
L’intérêt de la taille est incontestable. Même les pays ou la main d’ouvre
est chère ne le discutent pas. La taille doit être raisonnée. Très faible ou
nulle quand les arbres sont jeunes, modérée par la suite.
Dans quelques cas seulement qu’il faut tailler fort. C'est une opération
qui n’est pas difficile à comprendre, ni d’exécution très délicate. Le problème
est de faire exécuter les travaux par un personnel qui lui ne peut comprendre
les principes.