La taille clémentinier est relativement délicate par rapport aux autres variétés d’agrumes. Une différence importante est que le clémentinier est le seul à partir sur des gourmands verticaux.
Il s'agit essentiellement de ramener l’arbre à la forme trapèze, tronc de cône (ou de pyramide) mais en utilisant beaucoup de gourmands arqués. On évolue ainsi, vers la taille palmier.
Mais cette évolution est longue car il faut plusieurs années pour trouver assez de gourmands pour obtenir une véritable taille « palmier ».
Avantages de la taille en palmier
De toutes les façons, on a toujours intérêt à
disposer d’un bon nombre de branches arquées, on ne risque donc rien à entamer
cette évolution. Le grand avantage de cette taille et le renouvellement continu
du bois ainsi qu’une meilleure répartition de la lumière et la facilité de
récolte.
Les principes de taille énoncés à l’article « taille
des agrumes » et les opérations ci-après qui en découlent sont faciles
à comprendre par tout agriculteur qui est proche de ses arbres.
Les étapes de la taille en palmier
La méthode est décomposée en huit opérations.
Chacune de ces opérations est simple, facile à expliquer et à contrôler.
On n’est absolument pas obligé de les effectuer en même temps ce qui ouvre plusieurs possibilités :
On peut utiliser à temps perdu le personnel de la ferme et le former progressivement (par exemple la sélection des gourmands et l’arcure).
On peut aussi pour une opération faire appel à une équipe extérieure (par exemple pour enlever les branches à la hache ou à la scie. Le fait de ne lui confier qu’une opération diminue les sorties d’argent.
L’ordre des opérations indiqué ci-après est le plus rationnel. C’est celui qui
diminue le plus le nombre de coups de sécateurs, scies ou haches.
Sélection des gourmands
Elle s’effectue en plein été. A partir de juin,
se développe sur les charpentières une pousse d’autant plus fournie que l’arbre
est vigoureux et que son centre a été évidé par la taille de l’hiver précédent.
Choix de la pousse à conserver
Lorsque la pousse est abondante, cette
végétation exerce une concurrence sur le reste de la végétation et peut être
une cause de baisse de calibre. C’est pourquoi certains praticiens la
suppriment systématiquement.
Or, dans notre système, nous cherchons au contraire à faire du bois neuf, à créer des branches à arquer. Il nous faut donc garder quelques beaux gourmands par charpentière, s’ils existent.
Quand intervenir et comment procéder
Il faut passer deux fois dans l’été : une première fois début Juillet, une
deuxième en Septembre pour enlever une seconde génération éventuelle.
La sélection a surtout pour but d’éviter que plusieurs pousses ayant le même point d’insertion ne se concurrencent.
Le nombre moyen de gourmands à conserver
On peut laisser des gourmands distants de quinze centimètres au nombre de 4 à
6. En effet, ces gourmands se concurrencent peu.
Les gourmands conservés qui auront été ainsi préservés contre la concurrence, vont se renforcer et surtout s’allonger. Ils atteindront ainsi une longueur qui permettra de les caser facilement dans le feuillage au cours de la deuxième opération.
En taille palmier, si on désire arriver à 30 gourmands permanents et si on
admet pour chacun une longévité de 6 ans, on aboutit à un renouvellement de 5
par an.
Les soins nécessaires pour protéger les gourmands sélectionnés
Les gourmands ainsi conservés sont souvent attaqués par les pucerons ou les acariens. Ceci peut nécessiter un traitement spécial qui se fera au pulvérisateur ou à l’atomiseur à dos.
Mais souvent les colonies de pucerons existant sur les gourmands sont parasitées par les auxiliaires qui se reproduisent et sont en place lorsque les grosses infestations de pucerons surviennent sur la pousse d’été. Dans ce cas, il vaut mieux ne pas traiter.
Les colonies d’acariens ne sont pas parasitées de la même façon que celles des pucerons donc, il ne faut pas les laisser se développer, il faut les traiter.
Mais souvent les colonies de pucerons existant sur les gourmands sont parasitées par les auxiliaires qui se reproduisent et sont en place lorsque les grosses infestations de pucerons surviennent sur la pousse d’été. Dans ce cas, il vaut mieux ne pas traiter.
Les colonies d’acariens ne sont pas parasitées de la même façon que celles des pucerons donc, il ne faut pas les laisser se développer, il faut les traiter.
L’arcure des gourmands sélectionnés
Cette opération consiste simplement à donner au
gourmand une direction différente de la verticale.
Dès que le rameau sera à fruit, il s’inclinera tout seul sous le poids de la récolte.
Cette arcure naturelle sera très rapide si le gourmand est très long dès l’année de sa naissance.
Techniques à suivre
On obtient l’arcure en coinçant simplement le
rameau sous des branches existantes. On n’a pas besoin de rechercher une
position solide car au bout de quelques semaines les tissus se sont réorganisés
et, le rameau ne se relève plus même s’il est libéré.
Bien entendu, on dirige de préférence le rameau
à arquer vers les espaces vides du feuillage.
Il faut éviter de traumatiser la base. Le départ du gourmand doit rester vertical et le changement de direction doit être progressif.
Si au contraire les tissus sont meurtris à la base, le gourmand ne deviendra pas une branche bien développée et donnera du petit calibre. Autrement dit, il faut se rapprocher le plus possible de l’arcure naturelle.
Age des gourmands à arquer et précautions à prendre
En principe, on arque donc un gourmand de
quelques mois. Mais il peut arriver qu’il soit trop court. On peut attendre
l’année suivante, mais il ne faut pas qu’il ait plus de 16 mois sous peine de
meurtrir les tissus au moment de l’opération.
Quand faut-il réaliser cette opération
L’arcure peut être effectuée de Septembre à Mars pour le gourmand de l’année
mais en Septembre ou Octobre seulement les rameaux de l’année précédente.
On peut arquer les gourmands dont la base est à 1,50 m du sol.
La section des gourmands non arquables
Pour les raisons qui ont été exposées au
chapitre II, les gourmands verticaux sont nuisibles. S’ils sont trop âgés pour
être arqués, il faut les supprimer.
La section doit être faite à la base de ces rameaux. Autour de la section repartiront des nouveaux gourmands qu’on pourra sélectionner et arquer le moment venu.
Le terme de gourmand s’applique surtout aux rameaux vigoureux prenant naissance dans les 150 cm au-dessus de la fourche des charpentières.
Les pousses verticales en haut des charpentières sont moins longues et moins dangereuses. On n’y touchera pas au cours de cette opération. Leur croissance sera limitée par la 5ème opération.
l’enlèvement des sous charpentières
Il arrive qu’on enlève des charpentières
entières. Cela n’est utile que si l’arbre a plus de cinq charpentières. Pour ce
chiffre et au-dessous, on peut conserver ce qui existe.
Renouvellement du bois
L’enlèvement des sous charpentières correspond
à la nécessité de renouveler le bois. On ne peut pas fixer la durée de vie
d’une charpentière par un nombre fixe d’années.
On la considère comme trop vieille quand les brindilles sont fines, partiellement déplumées et, les feuilles restantes, petites et jaunissantes.
Le nombre des sous charpentières à enlever dépend aussi du nombre de vieux gourmands verticaux qu’on a dû supprimer.
Choix entre rameaux ou sous charpentières à enlever
Si on a dû enlever cinq rameaux verticaux ou
plus, on ne touchera pas aux sous charpentières. Si on en a enlevé deux, trois
ou quatre, on pourra enlever deux sous charpentières par arbres.
Le contrôle à posteriori est facile puisqu’il suffit de compter les branches gisant au pied de l’arbre.
Favoriser l’ensoleillement de l’arbre
Lorsqu’on est situé dans une région peu ensoleillée et qu’on a affaire à des
arbres touffus, assez âgés, qui ne laissent partir aucun gourmand, il faut
insister sur l’ouverture du côté sud.
Une des sous charpentières à enlever doit obligatoirement se trouver au sud de façon à ce que son ablation laisse une fenêtre par où le soleil pénètre pour favoriser la sortie des gourmands à la base des charpentières.
Limitation de hauteur
On dit aussi « former la table ». Cette
opération est essentielle. C’est elle qui a l’effet immédiat le plus marquant
sur les récoltes.
La hauteur optimale est de 2,50 à 2,75 m à
partir du sol. Les arbres vigoureux ne doivent être rabaissés que
progressivement. 50 cm/an.
Le danger de brûlure est faible sur le clémentinier car ta taille se pratique à
une époque où le soleil n’est pas brûlant.
Ce sont les gourmands arqués auparavant qui font ombre et protègent les
branches.
Un arbre totalement arqué, n’a même plus besoin d’être limité en hauteur. Toute
sa récolte devient d’ailleurs accessible à partir du sol.
La taille des jupes
les jupes sont les parties les plus
productives. Mais sous le poids des fortes récoltes, elles s’inclinent jusqu’à
toucher le sol d’où pourriture des fruits et passage pour les escargots.
D’autre part, les branches dont le départ est en dessous de l’horizontale donnent des fruits plus petits.
Et enfin, la partie inférieure est mal placée pour recevoir la lumière.
Pour toutes ces raisons, il faut contrôler les jupes. Il suffit de tailler par en dessous de façon à supprimer les branches dont l’extrémité arrive à moins de 40 cm du sol.
l’éclaircissage
Cette opération, qui se fait au sécateur, a
pour but d’assurer la répartition de la lumière dans toutes les parties de
l’arbre et de limiter la compétition des fleurs entre elles.
On peut limiter la compétition en diminuant le
nombre de fleurs de deux façons différentes :
- Soit on peut couper un certain nombre de brindilles à la base en laissant par exemple une sur deux.
- Soit on peut couper les extrémités des brindilles et même des branches. Dans ce dernier cas, il s’agit de la taille « par rapprochement ».
L’éclaircissage se passe après les opérations 3, 4, 5 et 6 car il y a intérêt à
le faire assez tardivement : avant la floraison pour qu’il joue son rôle vis à
vis de la lumière.
La protection des tissus après la taille
Après une taille, deux sortes d’accident
peuvent se produire : l’infestation des plaies de taille et la brûlure des
écorces.
L’infestation des plaies de taille
La
plaie de taille des agrumes ne s’infecte pas facilement. C’est pourquoi, on
peut se contenter de ne protéger que les plaies dont le diamètre est supérieur
à 2 cm.
On peut utiliser des préparations aqueuses fongicides courantes mais à des
concentrations 20 fois supérieures à celle qu’on utilise pour l’application
foliaire.
La pénétration des champignons pouvant être assez rapide, il est conseillé de
ne pas laisser s’écouler plus de quelques heures entre la création de la plaie
de taille et sa protection.
Une pulvérisation à base de cuivre peut remplacer la protection individuelle
des plaies
Brûlure des écorces
Les écorces brusquement exposées au soleil peuvent être brûlées. Nous avons déjà dit que lorsque la taille a lieu on hiver, la brûlure n’est pas
à craindre. Ce sont les variétés que l’on taille en été qui sont exposé.
Conclusion
En somme, quelles sont les nouveautés de ce système de taille par rapport aux tailles classiques ? Les principales différences sont :
Le renouvellement systématique et régulier du vieux bois car le clémentinier ne fructifie bien, que sur le jeune bois.
Le renvoi de la puissance végétative vers les parties latérales, par l’enlèvement des branches verticales, la limitation de la hauteur et l’arcure.
Et l’importance donnée à la répartition de la lumière.