8 opérations clés pour réussir la taille du clémentinier

La taille clémentinier est relativement délicate par rapport aux autres variétés d’agrumes. Une différence importante est que le clémentinier est le seul à partir sur des gourmands verticaux.

8 opérations clés pour réussir la taille clémentinier : taille en palmier
 8 opérations clés pour réussir la taille clémentinier : taille en palmier

Il s'agit essentiellement de ramener l’arbre à la forme trapèze, tronc de cône (ou de pyramide) mais en utilisant beaucoup de gourmands arqués. On évolue ainsi, vers la taille palmier.

Mais cette évolution est longue car il faut plusieurs années pour trouver assez de gourmands pour obtenir une véritable taille « palmier ».

Avantages de la taille en palmier

De toutes les façons, on a toujours intérêt à disposer d’un bon nombre de branches arquées, on ne risque donc rien à entamer cette évolution. Le grand avantage de cette taille et le renouvellement continu du bois ainsi qu’une meilleure répartition de la lumière et la facilité de récolte.

Les principes de taille énoncés à l’article « taille des agrumes » et les opérations ci-après qui en découlent sont faciles à comprendre par tout agriculteur qui est proche de ses arbres.

Les étapes de la taille en palmier

La méthode est décomposée en huit opérations. Chacune de ces opérations est simple, facile à expliquer et à contrôler.

On n’est absolument pas obligé de les effectuer en même temps ce qui ouvre plusieurs possibilités :

On peut utiliser à temps perdu le personnel de la ferme et le former progressivement (par exemple la sélection des gourmands et l’arcure).

On peut aussi pour une opération faire appel à une équipe extérieure (par exemple pour enlever les branches à la hache ou à la scie. Le fait de ne lui confier qu’une opération diminue les sorties d’argent.

L’ordre des opérations indiqué ci-après est le plus rationnel. C’est celui qui diminue le plus le nombre de coups de sécateurs, scies ou haches.

Sélection des gourmands 

Elle s’effectue en plein été. A partir de juin, se développe sur les charpentières une pousse d’autant plus fournie que l’arbre est vigoureux et que son centre a été évidé par la taille de l’hiver précédent.

Choix de la pousse à conserver

Lorsque la pousse est abondante, cette végétation exerce une concurrence sur le reste de la végétation et peut être une cause de baisse de calibre. C’est pourquoi certains praticiens la suppriment systématiquement.

Or, dans notre système, nous cherchons au contraire à faire du bois neuf, à créer des branches à arquer. Il nous faut donc garder quelques beaux gourmands par charpentière, s’ils existent.

Quand intervenir et comment procéder

Il faut passer deux fois dans l’été : une première fois début Juillet, une deuxième en Septembre pour enlever une seconde génération éventuelle.

La sélection a surtout pour but d’éviter que plusieurs pousses ayant le même point d’insertion ne se concurrencent.

Le nombre moyen de gourmands à conserver

On peut laisser des gourmands distants de quinze centimètres au nombre de 4 à 6. En effet, ces gourmands se concurrencent peu.

Les gourmands conservés qui auront été ainsi préservés contre la concurrence, vont se renforcer et surtout s’allonger. Ils atteindront ainsi une longueur qui permettra de les caser facilement dans le feuillage au cours de la deuxième opération.

En taille palmier, si on désire arriver à 30 gourmands permanents et si on admet pour chacun une longévité de 6 ans, on aboutit à un renouvellement de 5 par an.

Les soins nécessaires pour protéger les gourmands sélectionnés  

Les gourmands ainsi conservés sont souvent attaqués par les pucerons ou les acariens. Ceci peut nécessiter un traitement spécial qui se fera au pulvérisateur ou à l’atomiseur à dos.

Mais souvent les colonies de pucerons existant sur les gourmands sont parasitées par les auxiliaires qui se reproduisent et sont en place lorsque les grosses infestations de pucerons surviennent sur la pousse d’été. Dans ce cas, il vaut mieux ne pas traiter.

Les colonies d’acariens ne sont pas parasitées de la même façon que celles des pucerons donc, il ne faut pas les laisser se développer, il faut les traiter.

L’arcure des gourmands sélectionnés

Cette opération consiste simplement à donner au gourmand une direction différente de la verticale.

Dès que le rameau sera à fruit, il s’inclinera tout seul sous le poids de la récolte.
Cette arcure naturelle sera très rapide si le gourmand est très long dès l’année de sa naissance.

Techniques à suivre

On obtient l’arcure en coinçant simplement le rameau sous des branches existantes. On n’a pas besoin de rechercher une position solide car au bout de quelques semaines les tissus se sont réorganisés et, le rameau ne se relève plus même s’il est libéré.

Bien entendu, on dirige de préférence le rameau à arquer vers les espaces vides du feuillage.

Il faut éviter de traumatiser la base. Le départ du gourmand doit rester vertical et le changement de direction doit être progressif.

Si au contraire les tissus sont meurtris à la base, le gourmand ne deviendra pas une branche bien développée et donnera du petit calibre. Autrement dit, il faut se rapprocher le plus possible de l’arcure naturelle.

Age des gourmands à arquer et précautions à prendre

En principe, on arque donc un gourmand de quelques mois. Mais il peut arriver qu’il soit trop court. On peut attendre l’année suivante, mais il ne faut pas qu’il ait plus de 16 mois sous peine de meurtrir les tissus au moment de l’opération.

Quand faut-il réaliser cette opération

L’arcure peut être effectuée de Septembre à Mars pour le gourmand de l’année mais en Septembre ou Octobre seulement les rameaux de l’année précédente.

Pour toutes les arcures effectuées avant le 1er Février, on peut espérer un peu d’effet sur la fructification suivante. Mais passé le 1er Mars, il ne faut s’attendre à rien.
On peut arquer les gourmands dont la base est à 1,50 m du sol.

La section des gourmands non arquables 

Pour les raisons qui ont été exposées au chapitre II, les gourmands verticaux sont nuisibles. S’ils sont trop âgés pour être arqués, il faut les supprimer.

La section doit être faite à la base de ces rameaux. Autour de la section repartiront des nouveaux gourmands qu’on pourra sélectionner et arquer le moment venu.

Le terme de gourmand s’applique surtout aux rameaux vigoureux prenant naissance dans les 150 cm au-dessus de la fourche des charpentières.

Les pousses verticales en haut des charpentières sont moins longues et moins dangereuses. On n’y touchera pas au cours de cette opération. Leur croissance sera limitée par la 5ème opération.

l’enlèvement des sous charpentières 

Il arrive qu’on enlève des charpentières entières. Cela n’est utile que si l’arbre a plus de cinq charpentières. Pour ce chiffre et au-dessous, on peut conserver ce qui existe.

Renouvellement du bois

L’enlèvement des sous charpentières correspond à la nécessité de renouveler le bois. On ne peut pas fixer la durée de vie d’une charpentière par un nombre fixe d’années.

On la considère comme trop vieille quand les brindilles sont fines, partiellement déplumées et, les feuilles restantes, petites et jaunissantes.

Le nombre des sous charpentières à enlever dépend aussi du nombre de vieux gourmands verticaux qu’on a dû supprimer.

Choix entre rameaux ou sous charpentières à enlever

Si on a dû enlever cinq rameaux verticaux ou plus, on ne touchera pas aux sous charpentières. Si on en a enlevé deux, trois ou quatre, on pourra enlever deux sous charpentières par arbres.

Le contrôle à posteriori est facile puisqu’il suffit de compter les branches gisant au pied de l’arbre.

Favoriser l’ensoleillement de l’arbre

Lorsqu’on est situé dans une région peu ensoleillée et qu’on a affaire à des arbres touffus, assez âgés, qui ne laissent partir aucun gourmand, il faut insister sur l’ouverture du côté sud.

Une des sous charpentières à enlever doit obligatoirement se trouver au sud de façon à ce que son ablation laisse une fenêtre par où le soleil pénètre pour favoriser la sortie des gourmands à la base des charpentières.

Limitation de hauteur 

On dit aussi « former la table ». Cette opération est essentielle. C’est elle qui a l’effet immédiat le plus marquant sur les récoltes.

La hauteur optimale est de 2,50 à 2,75 m à partir du sol. Les arbres vigoureux ne doivent être rabaissés que progressivement. 50 cm/an.

Le danger de brûlure est faible sur le clémentinier car ta taille se pratique à une époque où le soleil n’est pas brûlant.

Ce sont les gourmands arqués auparavant qui font ombre et protègent les branches.

Un arbre totalement arqué, n’a même plus besoin d’être limité en hauteur. Toute sa récolte devient d’ailleurs accessible à partir du sol.

La taille des jupes

les jupes sont les parties les plus productives. Mais sous le poids des fortes récoltes, elles s’inclinent jusqu’à toucher le sol d’où pourriture des fruits et passage pour les escargots.

D’autre part, les branches dont le départ est en dessous de l’horizontale donnent des fruits plus petits.

Et enfin, la partie inférieure est mal placée pour recevoir la lumière.
Pour toutes ces raisons, il faut contrôler les jupes. Il suffit de tailler par en dessous de façon à supprimer les branches dont l’extrémité arrive à moins de 40 cm du sol.

l’éclaircissage

Cette opération, qui se fait au sécateur, a pour but d’assurer la répartition de la lumière dans toutes les parties de l’arbre et de limiter la compétition des fleurs entre elles.

On peut limiter la compétition en diminuant le nombre de fleurs de deux façons différentes :
  • Soit on peut couper un certain nombre de brindilles à la base en laissant par exemple une sur deux.
  • Soit on peut couper les extrémités des brindilles et même des branches. Dans ce dernier cas, il s’agit de la taille « par rapprochement ».
L’éclaircissage se passe après les opérations 3, 4, 5 et 6 car il y a intérêt à le faire assez tardivement : avant la floraison pour qu’il joue son rôle vis à vis de la lumière.

La protection des tissus après la taille 

Après une taille, deux sortes d’accident peuvent se produire : l’infestation des plaies de taille et la brûlure des écorces.

L’infestation des plaies de taille

La plaie de taille des agrumes ne s’infecte pas facilement. C’est pourquoi, on peut se contenter de ne protéger que les plaies dont le diamètre est supérieur à 2 cm.

On peut utiliser des préparations aqueuses fongicides courantes mais à des concentrations 20 fois supérieures à celle qu’on utilise pour l’application foliaire.
La pénétration des champignons pouvant être assez rapide, il est conseillé de ne pas laisser s’écouler plus de quelques heures entre la création de la plaie de taille et sa protection.

Une pulvérisation à base de cuivre peut remplacer la protection individuelle des plaies

Brûlure des écorces

Les écorces brusquement exposées au soleil peuvent être brûlées. Nous avons déjà dit que lorsque la taille a lieu on hiver, la brûlure n’est pas à craindre. Ce sont les variétés que l’on taille en été qui sont exposé.

Conclusion

En somme, quelles sont les nouveautés de ce système de taille par rapport aux tailles classiques ? Les principales différences sont :

Le renouvellement systématique et régulier du vieux bois car le clémentinier ne fructifie bien, que sur le jeune bois.

Le renvoi de la puissance végétative vers les parties latérales, par l’enlèvement des branches verticales, la limitation de la hauteur et l’arcure.

Et l’importance donnée à la répartition de la lumière.



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